Cendrine Browne

OLYMPIENNE

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Apprendre à apprécier la douleur

Bonjour à tous,

je voulais juste vous faire part des dernières semaines d'entrainement et vous expliquer comment côtoyer la douleur et se surpasser fait partie de la vie de tous les jours d’un athlète. 

Lors des dernières semaines, je faisais ce qu'on appelle un bloc d'intensités. Ce bloc avait pour but de me préparer à la saison qui se rapproche de plus en plus. Durant 3 semaines, j'ai donc fait énormément d'intensités, soit plusieurs efforts intenses et ce, très rapprochés, entrelacés de petits sprints. Il y avait donc un effort a réaliser à chaque deux jours.

La première semaine d'intensités se passait au Mont-Ste-Anne. Les premières zone 4 (effort maximal) de la saison sont toujours très difficiles. Les membres de notre corps se remplissent rapidement d'acide lactique et on se retrouve souvent dans la douleur. Cependant, c'est ce qu'il faut pour arriver en forme à la saison! Plus on fait de zone 4, plus notre corps s'y habitue. C'est là qu'on se rend compte que si on n'apprécie pas la douleur, la vie d'athlète serait bien difficile. C'est ce que j'ai compris dernièrement. Toute ma vie d'athlète, je redoutais ce moment où la douleur s'emparait de mon corps. Depuis l'année passée, j'apprends à aimer la douleur et à jouer avec elle. Bref, la première intensité du bloc a été des 6x2minutes avec la dernière minute des 3 derniers en zone 4 (100% de l'effort max) et 20x15 secondes en zone 4 (avec 15 secondes de repos entre chaque 15 secondes). Au début, c'était difficile de partir la machine, mais plus je faisais d'intensités, mieux ça allait!

La prochaine intensité était 6x4 minutes en zone 3 et 4 et 5x30 secondes en zone 4. Je sentais que mon corps voulait plus cette journée là. J'étais capable de bouger vite et de pousser par dessus la douleur qui arrivait au dessus de la grosse côte que nous avions à monter. 

Marie (Corriveau) et moi sommes ensuite allées faire des intensités à P2 - Premier Performance. Nous avons été rejointes par un de nos coéquipier Philippe Boucher ainsi que Léo Grandbois, un athlète de biathlon. Nous avions 3 tests super éprouvants à faire en deux jours. Là-bas, nous avons poussé fort sur les vélos du Power Watts ainsi que sur le Ski Erg. Sur le vélo, il m'est arrivé quelque chose qui ne m'était jamais arrivé avant. J'ai tellement repoussé mes limites que mon déjeuner a remonté... Expérience peu mémorable, mais parfois c'est le prix à payer pour se surpasser! Et bonne nouvelle: j'ai amélioré les données de tous mes tests! Encore une fois, j'ai réussi à travailler avec la douleur pour aller creuser plus loin que jamais, à aller chercher une zone que je n'avais jamais atteint auparavant. 

Fierté et bonheur après avoir accompli quelque chose d'aussi difficile

Une journée plus tard, nous avions une course de ski à roulettes à Sherbrooke. C'était beau de voir la relève et de pouvoir courser avec elle. L'événement était super bien organisé et le parcours était très intéressant pour les spectateurs. Nous faisions 6 fois une boucle de 1,5 km pour un total d'environ 10 km. Malgré la fatigue qui m'assaillait, j'ai réussi à pousser fort et à avoir une belle course. La douleur était encore une fois au rendez-vous, mais je l'avais apprivoisée. La douleur n'est pas nécessairement une mauvaise chose! Quand on l'atteint, c'est un signe qu'on pousse fort, mais qu'il faut pousser encore plus! Quand on l'atteint, il faut savoir travailler avec elle et se dire que ce sera nous qui sera en mesure de pousser plus fort que quiconque. 

    Ce sentiment d'accomplissement ressenti après un effort max!

De retour au Mont-Ste-Anne, le bloc s'est poursuivi. Entre chaque intensité maximale, comme les précédentes, nous avions des vitesses à faire pour garder le corps vif et prêt à l'attaque. 

La prochaine grosse intensité était 20x15 secondes zone 3 - 80% de l'effort max (avec 15 secondes de repos entre chaque 15 secondes) et 25x15 secondes zone 4 - 100% de l'effort max (avec 15 secondes de repos). Cet entrainement est particulièrement difficile, car il faut essayer d'aller à la même vitesse lors de chaque 15 secondes. La partie en zone 3 est assez confortable habituellement et c'est rendu aux zones 4 que la vraie bataille commence. J'ai encore une fois réussi à rentrer dans cette nouvelle zone d'appréciation de la douleur. J'ai même réussi à faire les 25x15 secondes avec des gars sur mon équipe ,ce qui était très motivant pour moi. 

La dernière grosse intensité du bloc était une simulation de sprint. Nous faisions donc une qualification et par la suite des quarts de finale, demi finale et finale. Même si j'étais fatiguée, j'ai réussi à trouver des bonnes sensations et à pousser fort. Vague après vague je réussissais à me pousser au-delà de mes limites. Nous avons fait la finale avec les gars juniors ce qui a été vraiment motivant. 

Une journée après que le bloc d'intensité soit terminé, j'avais encore le goût de pousser! On aurait dit que je n'étais pas si fatiguée que ça! Mais après avoir pris une journée de repos, mon corps a réalisé qu'il n'avait plus besoin d'être en mode survie. C'est alors que j'ai immédiatement commencé à être très très fatiguée. Le but du bloc est d'aller puiser très loin dans ses réserves, de se fatiguer le plus possible pour après récupérer et devenir encore plus en forme qu'on ne l'était avant le bloc. Je ne me suis donc pas inquiétée de ma fatigue, car je savais par expérience que la forme reviendrait. Le repos à ce stade-ci était donc crucial afin de remonter la pente. Ça m'a pris un gros deux semaines avant de retrouver des bonnes sensations à l'entrainement, mais je suis certaine que ce bloc a été immensément payant. Bref, j'en consens que ça peut être difficile à comprendre pour les gens qui ne pratiquent pas de sport de haut niveau!

 Je viens tout juste de débuter un camp d'entrainement à Park City avec l'équipe nationale alors je vous redonne des nouvelles bientôt!

En attendant, à vous de prendre la douleur par les cornes et de ne pas la redouter! C'est possible!

Cendrine


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