Cendrine Browne

OLYMPIENNE

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Mon rêve olympique devenu une réalité

Bonjour à vous,

Voilà un petit moment que je ne vous ai pas écrit. J'ai été super occupée (oui, comme d'habitude!). Ma session d'université vient de se terminer alors je prends un petit moment pour vous raconter la saison extraordinaire que j'ai vécu ainsi que le cheminement que j'ai fait. 

Cette année, comme bien d'entre vous le savent, j'ai eu une place sur la Coupe du monde. Grâce à cela, j'ai réussi à atteindre mes objectifs: j'ai eu d'excellents résultats, mais j'ai aussi beaucoup grandi en tant qu'athlète, ayant appris énormement.

Alors tout a commencé comme suit:

À la mi-novembre, j'ai quitté le Québec pour aller à Davos avec Louis, mon entraineur, et Alex (Harvey) pour m'entrainer en altitude avant que les Coupes du monde commencent. 

À Davos, j'ai fait beaucoup d'heures afin de tenter d'augmenter mon niveau de forme avant la saison. J'ai aussi fait une course d'entrainement avec l'Équipe suisse; une course d'entrainement qui était organisée comme une vraie course! C'était assez impressionnant comme organisation. Je ne peux pas dire que la course s'est bien passée, mais j'ai donné mon maximum. Il est toujours difficile pour moi de courser en altitude. J'ai de la difficiluté à trouver des bonnes sensations, mais semble-t-il que c'est possible développer sa tolérance à l'altitude.

                                                    Davos  

Après ce camp de deux semaines, nous avons quitté la Suisse pour aller en Finlande, plus précisement à Ruka, pour rejoindre le reste de l'Équipe canadienne. À Ruka, il fait noir vers 14 heures puisque c'est au nord de la Finlande. C'était assez spécial. Disons qu'on dormait bien à Ruka. Bref, c'était là que commençait la saison de Coupes du monde. J'étais stressée, bien entendu, mais ayant travaillé toute l'année à contrôler mon anxiété, j'ai réussi tant bien que mal à rester zen. En plus du stress, je me sentais intimidée par toutes ces grandes skieuses. Ici, je n'étais plus en Noram. Ici, j'étais avec les meilleures au monde. Durant l'année, en plus de travailler sur mon anxiété, j'avais aussi travaillé ma confiance en moi. Alors je me suis répétée que j'étais ici pour une raison, que j'avais ma place parmi ces filles et que je devais garder la tête haute. C'est ce que j'ai fait. 

                                   Un renne du Pôle Nord!

La première course était un sprint. Bien que durant la saison d'entrainement je m'étais seulement entrainée en distance, j'avais décidé avec Louis que j'allais faire les sprints aussi. Je les utiliserais pour casser la glace et pour me préparer pour la distance du lendemain. J'ai donc fait le sprint, j'ai tout donné et je me suis reconcentrée sur la course du lendemain: un 10km classique. En faisant mon échauffement, j'ai senti que j'étais en forme. Jamais, l'année passée, je n'avais connu de telles sensations. C'était bon signe. J'ai parti la course et j'ai réussi à skier certains bouts du parcours avec des skieuses qui font le top 10 régulièrement. J'ai gardé le rythme de Coupe du monde durant 5km avant de casser. Au moins j'avais essayé et c'est ce que Louis voulait que je fasse. La prochaine fois, j'allais réussir à garder le rythme plus longtemps. J'avais fini 61e alors que mon objectif était top 30, mais je ne devais pas me décourager.

Après la Finlande, la Norvège, le pays du ski de fond! J'avais super hâte de couser là-bas pour voir de quoi ça avait l'air. À Lillehammer, nous avions 3 courses à faire; c'était un mini tour. Mon sprint à super mal été, j'avais manqué de grippe, mais ce n'était pas grave je me concentrais sur les distances. Au 5 km skate, j'ai super bien skié, je me suis seulement fait rattrapé par Sadie Bjornsen (USA), qui partait derrière moi, lorsqu'il restait 1,5km. J'ai terminé 50e, à 30 secondes du top 30! Je me rapprochais tranquillement. Au 10 km classique poursuite, je suis partie très près d'Émily Nishikawa, ma coéquipière, alors nous avions skié ensemble pendant 6,5km avant de je casse. Au moins j'avais duré plus longtemps cette fois! J'ai terminé au 51e rang. Même si j'étais encore loin, il était très important de se concentrer sur le positif, car je n'étais plus en Noram où quand j'avais une bonne course je gagnais la médaille d'or. Ici, il fallait avoir une différente approche. Il fallait se rejouir des 50e places et espérer mieux pour la prochaine fois.

                              Emily et moi au 10 km classique

Nous avons quitté la Norvège pour la Suisse. Une fin de semaine de Coupes du monde à Davos, en altitude. Je savais que j'étais en forme, mais encore une fois, l'altitude a eu raison de moi. Il ne s'est rien passé de spécial au sprint et lors de la distance, je suis arrivée dans les dernières ayant souffert tout le long. J'étais un brin découragée. C'était tellement bizarre, je me sentais comme si je n'arrivais pas à pousser, comme si j'étais au ralenti. Alex, lui, a fait un super bon résultat. J'étais contente parce que lui aussi habite en basse altitude et il avait réussi à bien faire. Louis m'a dit que c'était la première fois en 10 ans qu'il réussissait à performer à Davos. Cela m'a donné de l'espoir pour le futur. 

                                      À Davos avec les filles

Nous sommes ensuite allés en France, à La Clusaz, pour la dernière fin de semaine de Coupes du monde avant Noël. Là-bas, il faisait si chaud que les courses avaient failli être annulées! Il n'y avait qu'une piste de neige sur une large étendue de gazon. C'était assez spécial. 

À La Clusaz, il n'y avait pas de sprint. Il y avait un 10 km skate départ de masse et un relais en équipe! Une belle fin de semaine. Au 10 km skate, j'ai réussi à bien skier tout le long et à ne pas casser, youpi! J'ai même réussi à finir fort et à dépasser deux filles dans le dernier 500 mètres, obtenant ainsi une 41e place! Ma meilleure position jusqu'à ce moment là. Plus je coursais, plus j'apprenais et plus je m'améliorais. C'était super! Nous avions ensuite le relais en équipe (4x5km) et j'ai obtenu le 2e leg de classique. Puisque j'avais bien fait en classique dernièrement, c'est là qu'on m'a mis. Mon équipe et moi avons tout donné et avons terminé en 12e place. Ça avait été plutôt difficile pour la plupart d'entre nous, mais nous avions fini la premère période des Coupes du monde et c'était le temps de retourner à la maison pour Noël!

                                  10 km skate départ de masse

Pendant Noël, je savais exactement ce que je devais améliorer dans mes styles pour devenir encore plus rapide et compétitive sur la Coupe du monde. 

                                                À Noël!

Après un beau Noël avec ma famille et mon copain, je me suis rendue aux États-Unis, à Salt Lake City plus précisement, pour faire les sélections pour les championnats du monde senior. J'ai mis en application ce que j'avais appris sur la Coupe du monde. Et même si les courses étaient à 1800 mètres d'altitude (soit le maximum permis par la fédération internationale de ski), j'ai réussi à quand même bien performer. Je suis arrivée 2e au classement canadien, ce qui m'a vallu une place sur l'équipe canadienne pour les Championnats du monde senior à Lahti! 

Après les sélections, j'ai décidé avec la fédération canadienne et mon entraineur Louis que j'allais faire les Coupes du monde en Suède alors que les autres filles de l'équipe nationale n'iraient pas. Une chance que j'y suis allée, car j'ai fait un de mes meilleurs résultats de la saison là-bas! À Ulricehamn en Suède, il y avait un 10 km skate, ma course préférée. En plus, j'adorais le parcours. Lors de la course, il y avait environ 55 000 personnes sur le bord de la piste qui encourgeaient et ça donnait des ailes. J'ai terminé 35e, à 10 secondes de la 30e place. J'étais si contente, mais si déçue! J'avais fait une superbe performance, mais j'avais raté le top 30 de si peu! Au moins je savais que c'était possible. 

                                      Pendant le 10 km skate

Nous sommes partis d'Ulricehamn pour aller à Fallun (encore en Suède) pour d'autres Coupes du monde. Quelques jours avant les courses, j'ai fait des intensités avec Jessie Diggins (USA), excellente skieuse qui se retrouve parfois sur le podium, et je réussisais à la suivre! C'était encourageant et ça me prouvait que j'étais en forme. Lors du sprint, j'ai obtenu une 46e place, ce qui est devenu, au fil de la saison, ma position habituelle en sprint. Le lendemain, avant le 15 km classique lors de mon échauffement, je me sentais hyper bien. Je me suis dis intérieurement qu'aujourd'hui était une journée à top 30. Mon farteur m'a dit qu'aujourd'hui je l'aurais. Je suis partie super confiante et après quelques kilomètres, j'étais 37e. Après 5 km, désastre. Je n'avais plus aucune cire sous mes skis. Je n'avançais plus! Les filles me dépassaient par dizaines et je glissais dans les rangs. J'étais vraiment découragée et triste. Je me sentais bien, mais je n'y pouvais rien! Quel sentiment atroce! J'ai donc décidé de me concentrer sur les sections de double poussée pour essayer de recoller des filles. J'ai fini au 46e rang. En tranversant la ligne d'arrivée, je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps. Pour me consoler, un des entraineurs m'a appris que ma 35e place faite à Ulricehamn comptait comme un critère olympique! Il ne me restait plus que 2 critères à atteindre pour ma présélection. 

Après la Suède, je suis allée en Italie, à Livigno, avec Alex, Louis et Knute, un autre athlète de l'équipe nationale pour faire un camp d'entrainement en altitude pour essayer de peaker pour les championnats du monde senior. Ensuite, nous avions un autre camp à Davos (oui, je suis allée 3 fois à Davos cet hiver!) avec le reste de l'équipe nationale. 

                                         Davos, le paradis!

Avant les Championnats du monde, il restait une fin de semaine de Coupe du monde en Estonie, à Otepää. Au sprint, une 47e position. Durant le 10 km classique, les conditions étaient plutôt difficiles et j'ai eu de la diffculté. De plus, je ne me sentais pas en pleine forme à cause de l'altitude. Je suis arrivée dans les dernières. Je me suis donc rappelée de quelque chose qu'Alex avait dit: il est normal de ne pas se sentir en pleine forme tout de suite après avoir fait de l'altitude, mais la forme peut arriver très rapidement dans les semaines suivantes. J'ai gardé ça en tête. Louis m'a aussi dit que rien n'était facile. Et c'est vrai, mais il faut continuer de foncer malgré toutes les embuches. 

Nous avons quitté l'Estonie pour se rendre en Finalde, à Lahti, où avaient lieu les Championnats du monde. Le site était fabuleux et il faisait beau! Quoi demander de mieux! J'étais aux anges. Il y avait 6 courses en 9 jours durant les mondiaux et j'avais décidé avec Louis que si je le pouvais, je ferais les 6. J'étais la seule de l'équipe canadienne à avoir pris cette décision. 

La première course était le sprint. J'ai fait un résultat semblable à mes autres sprints, mais j'avais réussi à super bien skier malgré les conditions difficiles de nouvelle neige. Louis m'a dit que c'était un bon indicateur pour le reste du championnat. 

La course suivante était le 15 km skiathlon, une course que j'aime! J'ai réussi à bien me positionner dès le départ et à skier avec mes coéquipières. Puis, je me suis détachée pour finalement finir en 35e place! Wow, un autre beau résultat! Je venais d'égaler mon meilleur résultat en carrière. Grâce à ce résultat, j'ai été choisie pour faire partie de l'équipe du team sprint, ayant fait la meillleure position de la journée chez les filles canadiennes. Par contre, au départ, je n'étais pas censée faire partie de cette équipe. J'ai seulement su la veille de la course, à 18 heures, que je ferais le team sprint. J'ai du me reconcentrer assez rapidement.

Après quelques complications, l'équipe était donc composée de Dahria Beatty et de moi-même. Nous avons poussé fort, eu beaucoup de plaisir et fini en 13e position. Les épreuves d'équipe sont toujours très agréables, car non seulement tu courses pour toi, mais tu le fais aussi pour ta/tes coéquipière(s). 

Après le team sprint, il y avait le 10 km classique. J'ai eu une journée décevante ce jour là. Je sentais que j'étais en forme, mais je n'était pas en mesure d'aller rapidement dans ma course. Pourtant, j'avais des bons skis! J'ai terminé la course n'étant pas fatiguée et en 47e position. Au moins, je savais que j'étais en forme et il restait deux courses que j'adorais. 

Au relais (4x5km), j'avais le 3e leg (youpi! Un leg de skate!). Ceux qui me connaissent bien savent que j'adore les 5 km skate. Au premier leg, nous avions Katherine Stewart Jones qui a fait une superbe performance, donnant le relais à Emily Nishikawa en 8e place. Emily a glissé au 9e rang et m'a donné le relais. J'ai skié mon leg avec une Italienne très forte en skate et j'ai réussi à la suivre. J'ai fait une excellente performance (soit un des bons temps de la journée) en donnant le relais en 10e place à Dahria Beatty qui a maintenu cette position. Ce top 10 était le meilleur résultat en relais chez les canadiennes depuis 2006! C'était très excitant. Toute l'équipe était si fière de nous!

                                        De la joie à l'état pur!

La dernière course était le 30 km skate départ de masse, une autre course que j'affectionne particulièrement. La veille de la course, je me sentais si fatiguée! J'avais 5 courses dans le corps et je sentais la fatigue dans tous mes membres. Je penais à skier. Pourtant, le lendemain matin, en m'échauffant, j'avais des bonnes sensations. C'est assez bizarre comment le corps est fait, non? Louis m'a dit que je devais essayer de m'accrocher au peloton de tête et de voir ce qui se passerait. Quand le départ à été donné, j'ai su bien me positionner et pendant 12 km j'ai skié dans le même peloton que Marit Bjorgen et Heidi Weng! C'était assez cool. Afin de ne pas paniquer et de perdre ma concentration, je me répétait: calme toi, tu es à ta place. 

J'ai été dans le top 15 pendant longtemps et puis dans le top 20. Dans les 3 derniers kilomètres, j'ai cassé et je me suis fait avaler par mon peloton. Non! Il ne me restait plus rien. Je skiais croche et j'arrivais à peine à avancer. Quand j'ai traversé la ligne d'arrivée, vidée, je me suis effondrée par terre. J'ai levé les yeux: 26e!!! Mon premier top 30! J'avais envie de pleurer et de rire en même temps! 

                              Souffrance, épuisement et bonheur!

En tant que skieurs, on passe par toute la gammes des émotions assez souvent! Mon deuxième critère olympique était fait et ce aux Championnats du monde. Ce n'était pas rien. Il ne me restait plus qu'un top 30 à faire! Après avoir fait ce résultat extaordinaire, on m'a informée qu'il n'y avait que Beckie Scott (une de nos seules médaillées olympiques en ski de fond) qui avait fait un top 30 aux Championnats du monde senior. Cela me remplissait d'espoir pour le futur. Après des Championnats du monde très réussis, je suis repartie à la maison la tête remplie de beaux souvenirs.

                              La belle équipe de filles!

Il ne restait qu'une fin de semaine de Coupes du monde à la saison et elle se passait à Québec! J'avais la chance de pouvoir courser à la maison, devant famille et amis. Ça finissait bien la saison. À Québec, je me sentais encore en forme alors que d'autres commençaient à être fatigués. Une chance, car il me restait un top 30 à faire pour clore ma pré-sélection olympique. 

Nous avions 3 courses à faire. J'ai fait le sprint du vendredi et devinez quoi? Je suis arrivée 47e! Mais cette fois, ce fut le meilleur sprint de ma saison puisque j'ai fini à 6 secondes du top 30. Encourageant! 

Le lendemain, lors du 10 km classique départ de masse, j'ai été prise dans un bouchon dès le départ, ce qui m'a retardée. J'ai donc perdu le premier peloton. Dommage, car je me sentais super bien... Je crois que j'aurai pu faire un top 30 cette journée là, mais bon. Ça fait partie du jeu. Je suis arrivée en 41e place, très serrée avec le 40e. Cela me plaçait très bien pour la poursuite 10 km skate du lendemain. 

Lors de la dernière course de la saison, le 10 km skate poursuite, je me sentais fatiguée. Je n'avais pas beaucoup d'énergie et malheureusement, mes skis étaient lents. J'ai tout donné pour terminer en 40e place... Vos encouragements sur le bord de la piste m'ont probablement sauvée! Ils m'aidaient à trouver le peu d'énergie qu'il me restait. Merci à tous ceux qui sont venus à Québec et qui ont su rendre cette fin de semaine mémorable.

Je termine mon récit en disant que, eh non, je n'ai pas réussi à atteindre mon dernier critère olympique, mais je reste très confiante pour la suite. Ce qui était mon rêve depuis quelques années est maintenant à la portée de ma main. Il me reste encore les Coupes du monde du mois de décembre pour me pré-sélectionner et sinon il reste encore la sélection olympique canadienne à laquelle je pourrai participer. Je demeure donc très confiante et positive pour la suite de cette belle aventure.

Un IMMENSE MERCI à tous mes partenaires. Sans vous, je n'aurais pas pu vivre la saison que je viens de termier. Alors merci à RSSW, Al Dente Centre dentaire, Alcoa et la Fondation d'athlète d'excellence, la fondation FIDA, Canadian Wintersport, Excellence sportive Québec-Lévis, Julbo Eyewear, Rossignol et Eye Am Centre oculaire. Je souhaite également la bienvenue à tous les nouveaux partenaires qui se sont joints à notre belle équipe pour l'année 2018!

Merci aussi à tous ceux qui croient en moi. Vos sourires et vos mots d'encouragements me font chaud au coeur. Je suis si chanceuse d'être aussi bien entourée!

Merci à ma famille et à mon copain qui sont toujours là pour me soutenir. Merci à mes entraineurs et à mes coéquipiers pour leur continuel appui. 

Maintenant, place à l'année olympique!

Allez jusqu'au bout de vos rêves!

Cendrine





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